Mais Maylis, elle est toujours à fond. Combien de fois j’ai entendu ça. Je suis celle qui danse de tout son soûl jusqu’à la dernière chanson (pas les lacs du Connemara si possible). Celle qui est toujours partante pour n’importe quel projet saugrenu. Celle qui joue à n’importe quel jeu comme si sa vie en dépendait. Je fais les choses à fond. C’est comme ça. Je ne sais pas faire autrement.
Je danse comme si j’étais seule dans ma chambre dans la soirée ou sur le quai du métro. Je regarde tous les épisodes d’une série quand elle m’accroche quitte à y sacrifier une nuit. Je ne suis pas raisonnable. Je vis les choses avec intensité. Quand je fais du sport j’en fais le plus possible et je contrôle méticuleusement ce que je mange. Quand je n’en fais pas, ça dure six mois sans soulever le petit doigt et en ingurgitant tout ce qui me tombe sous la main. Si quelque chose me touche mon visage se trempe de larmes. Quand je suis heureuse, j’ai le cœur qui explose. Quand je suis triste, j’ai l’impression que c’est pour toujours. Quand je suis en colère, je sens la rage bouillir en moi. Quand j’aime, c’est de tout mon être. Quand je merde, c’est vraiment. Quand je me désintéresse, je suis capable de ne rien faire pendant des heures. Mon esprit n’est jamais calme. Il passe son temps à tout observer. Tout saisir. Mon regard s’accroche partout, essaye de tout comprendre, même ce qui me dépasse. Je remets tout en question en permanence. Chaque aspect de ma vie, chaque décision que j’ai prise. Je les dissèque, je les ressasse dans tous les sens jusqu’à les avoir essorées. Chaque mot qui me sont adressés sont analysés. Quand je ne comprends pas les intentions de ceux en face de moi, je passe beaucoup de temps à émettre des hypothèses. J’ai mille idées à la seconde mais je ne vais jamais vraiment au bout d’aucune.
Tout est intensité. Tout est extrême. Avec de telles journées, on pourrait penser que je dors bien la nuit. Mais même les insomnies j’y mets de l’énergie. Et je suis fatiguée. Je me demande si un jour tout ça va s’arrêter. Est-ce que ma tête va connaître un jour la sérénité ? Est-ce que je vais trouver ma place dans ce monde qui m’écorche ? Est-ce que j’ai un problème ?
C’est une bénédiction autant qu’une tare. Ça me fait vivre des choses extraordinaires mais ça m’empêche aussi de me sentir bien dans mes baskets. Je ne sais plus quoi faire de ce bouillonnement permanent. Je ne sais pas comment le canaliser. Je ne sais pas si je veux le canaliser. J’ai peur de n’être plus moi-même s’il se calmait. J’ai aussi peur d’être un jour trop épuisée et d’avoir trop envie que ça s’arrête.
Est-ce que ça s’arrête un jour ?