La colère.
Tu me traites de pute. De mal-baisée. De frustrée de la vie. Tu m’accuses de détester les hommes. Tu me reproches d’être en colère.
Mais oui je suis en colère.
Je suis en colère que tu penses avoir le droit de m’insulter parce que tu n’es pas d’accord avec moi. De ne pas supporter que je pense différemment de toi. Que je remette en question les privilèges dont tu profites sans même t’en apercevoir.
Je suis en colère parce qu’en 2018, 121 femmes ont été tuées par leur conjoint et que 21 enfants sont morts dans un contexte de violence au sein du couple.
Je suis en colère parce que 213 000 femmes sont victimes de violences chaque année.
Je suis en colère parce que 94 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année et que dans 91% des cas les violences sont perpétrées par une personne connue de la victime.
Je suis en colère parce que seulement 12% d’entre elles portent plainte et que si peu de plaintes aboutissent.
Je suis en colère qu’un tiers de la population française pense que le viol peut se justifier.
Je suis en colère parce que la police ne nous protège pas.
Je suis en colère que la tenue des adolescentes soit un sujet de débat.
Je suis en colère d’entendre encore et encore des témoignages de femmes qui ont vécues des violences.
Je suis en colère que chacune des femmes de mon entourage sans exception aient subi des situations dégradantes, violentes, humiliantes…
Je suis en colère de devoir craindre pour mes filles.
Je suis en colère que les hommes qui nous agressent, nous violentent, abusent de leur pouvoir et de leur force soient partout et ne craignent jamais rien.
Je suis en colère de me faire emmerder dans la rue, dans le métro, sur les réseaux sociaux.
Je suis en colère d’être réduite à des stéréotypes.
Je suis en colère que nos corps ne nous appartiennent pas.
Je suis en colère que l’ont protège les pédophiles mais que celles qui les dénoncent subissent un harcèlement sans relâche.
Je suis en colère d’avoir l’impression de ne rien pouvoir y faire.
Je suis en colère d’avoir à justifier mes combats, de devoir m’excuser.
Je sais que ma colère te fait peur. Je sais que cette colère n’a pas de place dans l’espace public. Je sais que tu as l’habitude que les femmes rendent leur colère aimable.
Mais sache que cette colère est un devoir. On la doit à celles qui se sont battues avant nous. On la doit à toutes celles d’entre nous qui ont vécu des violences. On la doit à toutes celles qui se battent au quotidien. On la doit à nos enfants. On se la doit à nous-mêmes.
Je suis fière de ma colère, c’est grâce à elle que j’ai le courage d’être qui je suis, le courage de me battre pour ce en quoi je crois. Cette colère nous rassemble, elle fait avancer nos luttes. Cette colère c’est notre force, elle nous donne du pouvoir.
Je ne te hais pas. Je ne te connais même pas. Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi toi, tu n’es pas en colère avec moi?